À une Passante
La nuit est là, tout s’apaise, Les flots chantent sous les pins, Le vent caressé par un souffle Nuit des âmes, nuit des vains.
Curieuse, la tout d’un coup, Une étoile s’est levée, Et des souvenirs lointains Au bord des cieux s’animent.
Adieu, passante en ce rêve, En grand désordre, sous les cieux, Les heures bleues des échos toujours reviennent, amies, aux lieux !
Eh bien, ô jour, ô nuit, liaisons, Je voulais détruire l’ombre, Mais entend reviens, les vagues, Et le passé sous la frondaison.
Ô douce amie, douce amie ! Entre ces feuilles, entre ces rêves, Nocturne orgie, un soupir léger Sous les nues pleure et se lève.
- Alfred de Musset