Le cygne
Le cygne
Hélas! Ce fut un temps où, sortant du rivage, Des ruisseaux, là-bas, j’aimais à m’y lier;
Je n’atteignais guère au fond de chaque image; Un seul souffle épars me faisait respirer.
O rêve, là-bas! le cygne à voix lacée Fut un air pâle dans le lourd rouet;
Un chaos sans bruit autour, son désenchanté,
Et la tendresse en moi s’éteignit dans le jeu.
Là, tombant si loin, il est tombé d’attente, Et ses pleurs m’effleurent, comme les roses d’or.
Le temps, tombant encore, m’informe l’éphémère, Ainsi ce morne cygne oppose un vol du corps.
O! que ce modeste souvenirs ne parlent Qu’en absence de l’ennui sur son esprit,
Et les vagues de l’étoile, insensible, se taisent, Et la douceur non plus n’achève d’amour.
- Stéphane Mallarmé